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  • Photo du rédacteurLilie

ENCANTO


Après une nuit étonnamment bonne, c’est sur la proue du bateau que nous avons le privilège de voir se lever, en toute beauté, notre lumière à tous. On ne se lassera jamais de ce spectacle qui est d’autant plus délectable lorsqu’il a ce petit goût de liberté. Puis nous allons prendre le petit déjeuner avec la même équipe, sympathisons encore un peu plus et finissons la traversée sur le pont en profitant du paysage matinal qui nous est offert. Et c'est sans compter sur la présence d'un gang de dauphins qui s'exerce avec agilité et rapidité à rivaliser contre la proue. Encore un de ces moment rare et précieux que nous imprimons dans notre mémoire.

 

Nous sommes tellement reconnaissants de cette traversée sur un ferry non-touristique, jamais nous n’aurions pu accéder au nez du bateau de la sorte sur une voie commerciale. Enfin, nous apercevons la côte et Mazatlan se dessine peu a peu sous nos yeux écarquillés. L’amarrage s'effectue sans entraves, tout le monde regagne son véhicule mais rien ne semble bouger malgré les moteurs qui ronronnent. Après un moment, on décide d'aller voir ce qu'il se passe et en arrivant au dessus de la rampe on comprend tout de suite mieux. Le premier camion est coincé sur la rampe, ou plutôt sa remorque chargée de voiture est posée à plat sur la rampe ! Un problème, qui a notre humble avis, ne va pas se résoudre en un tour de manches. On a bien raison, car c’est seulement après deux petites heures, en plus des 2 heures de retard déjà enregistrées, que nous pouvons enfin débarquer. Il est midi passé et ça grouille dans Mazatlan. Plus le temps de traîner maintenant, il nous faut encore trois bonnes heures de route pour rejoindre notre futur lieu de travail a Santa Cruz de Miramar et nous voulons arriver avant la nuit.



Nous sortons assez facilement de la ville et cela sans prendre le temps de faire un brin de tourisme. Nous nous arrêtons seulement faire le plein de gaz et empruntons la route avec péage qui nous nous a été recommandée par notre hôte Jim. Il l’a, en effet, qualifiée de plus rapide et de plus sécurisée. Quelques kilomètres au sud et nous apercevons déjà les dégâts laissés par l’ouragan Willa qui a soufflé violemment quelques jours auparavant. Les arbres sont couchés et arrachés, les champs inondés et la route dévastée par endroits. Dans ce malheur, nous avons la chance de trouver tous les péages fermés et du coup d'économiser pas mal d'argent car en plus d'être nombreux sur cette route, ils coûtent assez cher. Une aubaine. Après deux heures de route, nous arrivons enfin à la bifurcation qui va nous rapprocher de la côte en serpentant sur d’étroites routes entourées de végétation tropicale, que c'est beau. Quasi arrivés, nous régulons notre vitesse sur un long bout de quatre voies toute droite et limité à 60 km ou apparemment la police locale serait avide de touristes en tout genre. Nous croisons deux motards et faisons profile bas sans nos ceintures attachées. Mauvaise habitude dont nous sommes tout les deux conscients et que nous assumons. Il n’en fallait pas plus pour appâter nos 2 amis en uniforme. Ils nous stoppent au milieu de la quatre voies et c'est là que les négociations démarrent. Le policier demande le permis de Lilie et commence par nous expliquer notre tort que nous approuvons. Il simule un coup de fil à son supérieur pour nous annoncer sereinement 2000 pesos d’amende. « Bien trop cher » s’exclame Lilie dans un espagnol parfait sorti par magie exprès pour l’occasion. Il téléphone à nouveau et annonce 1500 pesos dernier tarif. « Toujours trop cher » ! Nous ne sommes que deux hippies dans un vieux van et nous n’avons pas les moyens ! Nous fouillons dans nos porte-monnaie et décidons de négocier avec les 800 pesos que nous avons en cash. Car lorsque nous mentionnons la carte de crédit, tout devient plus compliqué. Au début ils ne sont pas intéressés et veulent nous faire un ticket à venir payer plus tard au poste. Lilie interroge sur le fait qu'aucun montant ni aucune adresse ne soient mentionnés sur l’amende. Elle tend l'argent au flic qui lui demande d'être plus discrète. Nous continuons à discuter jusqu'à ce que Lilie dise que c'est trop compliqué et qu'il devrait prendre cet argent et allez payer pour nous. Il se concerte rapidement avec son collègue et acquiesce en nous faisant signer un bout de papier comme quoi nous nous sommes acquittés de nos frais « officiellement ». Au final, victoire, nous récupérons le permis et poursuivons la route jusqu'à "El Encanto" 15 minutes plus loin. Quelle rencontre ! Et quelle expérience ! On est soulagé et on rit de cette première aventure avec la police pourrie locale.

Il fait déjà presque nuit quand nous découvrons notre fief pour le mois à venir. C'est très vert, luxuriant et humide et les bâtiments joliment colorés. Sur une petite porte rouge se dressent les lettrines A et A dessinées sur un papier rose. Jim, notre hôte, n'est pas là mais nous donne les instructions pour nous rendre à notre chambre. Tellement prévenant. Juste le temps de regarder autour de nous et Jim arrive dans la foulée. Que nous sommes heureux d’enfin le rencontrer. Il fait déjà bien sombre alors le tour du propriétaire se fera demain. On prend possession de notre splendide chambre avec vue et son sur la mer. Il s'agit plutôt d’un petit studio car nous avons notre salle de bain et une kitchenette, quel luxe ! On rejoint ensuite Jim pour le souper et faisons la connaissance de Matteo, un autre volontaire arrivé deux semaines auparavant et qui part le surlendemain. Pour notre premier souper, nous sommes gâtés, il nous fait découvrir les "Chilli Rellenos". Des énormes poivrons panés farcis au fromage dans une délicieuse sauce tomate. Ça commence bien ! Après le repas, nous sommes initiés au Cambio, jeu de cartes très marrant qu'ils adorent et auquel ils excellent. Après ces bons moments, nous allons nous coucher. Le repos sera bien mérité après une journée pleine d'émotions. C'est ainsi que débute notre premier mois de pause et de volontariat.

 

Pour nous mettre dans le bain, c'est la journée des morts au Mexique (El Dia de los muertos) célébration très populaire, et à Santa Cruz, nous avons pu assister à la parade et au concours de danse organisé le soir. La veille nous avons aussi participé à une soirée Halloween avec la communauté des gringos et quelques locaux du village. Soirée festive déguisée où nous avons joué la comédie quasi toute la soirée comme couple des cavernes. On a bien ri ! Puis s'en est suivi d'innombrables journées de nettoyage, tri, rangement, classement, etc... Mais aussi beaucoup de désherbage, de la taille, de l'élagage à grands coups de machette. Tout cela bien sûr en communiant avec la faune locale qui grouille dans cette jungle. Nous avons pu rencontrer de beaux spécimens d'araignées, de scorpions, de rampants, d'oiseaux et on en passe… Nous avons pu aussi découvrir les environs en nous baladant et faire de multiples rencontres comme Éric notre acupuncteur. John, Greg, Christina et Rosalie, nos compères de Cambio. Gilles et Anne les francophones du « café bonjour » et bien d'autres encore. Ce moment de sédentarité nous a permis de changer le sol de Prosper : bye-bye la vieille moquette dégueu' et bonjour le parquet flottant clair et moderne. Mais aussi de lui faire d’autres améliorations telles que la planque secrète pour les objets de valeur, des glissières pour stocker la table lorsqu’on roule et d’autres petits détails qui amélioreront notre quotidien. Quelques réparations se sont aussi imposées pendant ce break. Alternateur, filtres et réparation de la tringle de l’accélérateur (notamment à cause de cette traversée d'eau de mer près de Cabo Pulmo). Des changements indispensables. Nous avons aussi célébré Thanksgiving à notre façon, c’est à dire une superbe journée sur la plage secrète avec un délicieux ceviche de poisson servi au creux d’un méga avocat… Quelle douce journée. Jim nous a aussi beaucoup baladé entre : Tepic pour faire les grosses courses, la boulangerie au centre ville, le cinéma où nous sommes allés voir le fameux « Bohemian Rhapsody », le Home Depot pour les améliorations de Prosper. Mais aussi vers San Blas où nous avons découverts de fameux restaurants, des rues en pleine évolution, le petit marché couvert, le futur restaurant de Jim « El Oasis » dont seuls les murs se dressent actuellement ou encore le "stoner bar" où nous aimions mêlés parties de cambio et baignade le dimanche après-midi. Aticama où nous avons dégusté notre premier « Pozole », une soupe pimentée remplie de bonnes choses, le marché du dimanche matin où nous sympathisons avec la communauté locale et découvrons les sculptures de Jim offertes au centre communautaire lors d’une exposition. Puis Compostela, un charmant village de montagne où Jim a aussi une propriété et où nous avons passé une nuit après avoir découvert (encore) un bon restaurant local. Le premier mois fût rythmé par tous ces va-et-viens, de merveilleux soupers concoctés par notre hôte et de la relaxation / méditation . Cela nous a donné envie de rester un mois de plus. Jim nous ayant également proposé de fêter la fin d’année avec lui.

Avant cela, nous profitons d’un week-end de repos pour aller à Sayulita où une compétition de surf se déroule et où nous devons aussi récupérer notre planche de surf en réparation. C’est aussi l’occasion de revoir nos amis voyageurs Ana & Sergio qui terminent leur séjour gentiment avant de rentrer en Argentine pour les fêtes. Jaro (l’employé mexicain de Jim) et son fils Pedro se joignent à nous dans cette escapade. Nous nous arrêtons d’abord à Lo de Marcos, petite ville de pêcheurs authentiques et moins touristiques que sa voisine Sayulita. Quand nous les rejoignons il est déjà tard dans l’après-midi car le matin même nous avons attendu après notre ami garagiste Luis pour les derniers soucis de démarrage avant de rouler. Et c’est pour cette raison que nous resterons à Lo de Marcos autour d’un bon feu sur la plage avec au souper 2 barracudas fraîchement pêchés et cuisinés par Jaro au feu de bois. S’en suivra ensuite une belle soirée d’au-revoir autour de délicieuses quesadillas et quelques tequilas avec nos amis argentins. Quand nous regagnons Prosper, la nuit est bien avancée et nous dormirons autour de la place du village sans aucun problème. Tôt le lendemain matin nous partons vers Sayulita pour voir la finale de la compétition qui s’est en fait passée la veille . Jaro en profitera tout de même pour surfer sur ces monstres vagues avant d’aller nous rendre à San Pancho pour savourer un bon petit-déjeuner ensemble. On aurait aimé en profiter encore plus mais les caprices de démarrage de Prosper sans les câbles nous obligent à rentrer sur Santa Cruz plus tôt que prévu. Nous découvrirons plus tard qu’il s’agit de l’alternateur que nous remplacerons encore une fois grâce à Luis.



Le deuxième mois s’est déroulé sous de différentes augures, tout d’abord car une autre équipe de volontaires nous a rejoint. Les premiers furent Max l’allemand et Justin l’anglais (avec un bras dans le plâtre à la suite d’une opération à Mexico City, il sera là en convalescence). Miles l’américain et Cam le canadien arrivent une semaine plus tard (Miles ne restera que quelques jours) suivi de près par Corentin et Coralie dit «les cocos », un couple de jeunes français. Corentin étant chef, il sera notre cuisinier officiel pour le mois de décembre. On se réjouit tous de découvrir sa cuisine et c’est dès son arrivée qu’on lui met une grosse pression. Du coup les tâches sont partagées et les troupes dispersées. C’est une ambiance très familiale qui règne et bien sûr tout le monde est initié au Cambio. Les jours semblent défiler encore plus vite. Pendant un week-end de repos nous ferons une randonnée jusqu’aux cascades de « El Cora » , une jolie marche de 15kms qui nous permet de découvrir les paysages vallonnés et luxuriants du Nayarit. En chemin, nous tomberons même sur des poignées de champignons que nous pensons hallucinogènes, que nous cueillons et gardons précieusement jusqu’au soir. Après les derniers kms sur un chemin dense de végétation et en remontant le cours de la rivière, nous arrivons enfin à une grande cascade et notre meilleure récompense est son eau rafraîchissante. Nous continuons à explorer les environs en escaladant la cascade pour accéder à une nouvelle chute d’eau. En continuant l’ascension, une autre cascade se dévoile et c’est, cette fois, celle dont tout le monde nous a parlé. On y rencontrera deux gringos avec leur guide mexicain, ce dernier ne sachant même pas qu’un accès existait pour descendre. Nouvelle baignade avant de repartir sur le village de El Cora à 2 kms de là où nous demandons à des locaux de nous ramener à Santa Cruz (22 kms) moyennant quelques pesos. Au retour, nous nous apercevons que les champignons cueillis ont tourné bleu et après consultation sur des sites spécialisés, c’est assez confiant que nous les goûterons et qu’ils auront un certain effet sur quelques uns d’entre nous. Une sacré trouvaille !




Grâce à la belle cohésion au sein de l’équipe, nous faisons quelques soirées arrosées notamment le soir du solstice d’hiver et de la pleine lune où l’énergie était très spéciale. Ce soir là, nous expérimenterons de la méta-amphétamine. Une drogue qui nous fera passer une très bonne soirée emplie de rires, de danse, de câlins et de longues conversations mais qui nous empêchera tous de dormir pendant au moins 24h. La descente sera éprouvante et presque déprimante. Cette expérience, que nous ne souhaitons plus jamais renouveler, nous a tout de même apporté son lot de découvertes. Deux jours plus tard, nous avons la chance de partir en mer dans le but de rencontrer des baleines à bosse qui sont en plein périple dans le secteur avec leurs petits. Après une petite heure de navigation, nous sommes comblés par la rencontre tant attendue. Une femelle et son petit nagent non loin de nous et c’est le bon moment pour se jeter à l’eau. Une fois dans le grand bleu, la vision est très limitée et nous avançons en sortant la tête avec une légère appréhension de ce géant qui peut se trouver n’importe où autour de nous. Un peu désorientés, c’est tout d’un coup que la mère et son petit s’avancent vers nous avec curiosité. Une adrenaline sans pareil nous gagne et après quelques seconde de rencontre avec ce somptueux mammifère, nous remontons sur le bateau comblés de bonheur. Nous avons eu l’honneur de pouvoir nous trouver en tête à tête avec ces créatures somptueuses. De retour sur la terre ferme, nous relatons encore et encore cette expérience en se rendant compte que cette sensation fût 10 fois meilleure que n’importe quelle substance chimique que nous avons pu ingurgiter jusque là. Quelle belle leçon.

Nous avons aussi organisé une soirée « pop up dinner » sur demande de Jim. Un repas composé de 3 plats (entrée, plat, dessert) concocté par Coco et son équipe de choc. 25 personnes ont répondu présentes et ont payé 20 dollars pour pouvoir y participer. C’est bien sûr déguisés que nous avons reçu et servi nos invités qui ont pu déguster un mille feuille de tartare de poisson en apéro, une salade de quinoa/betterave ensuite, puis une tranche de raie manta accompagnée d’une patate sautée sur son lit de bisque. Pour le dessert, un crumble fruit de la passion et banane. Le tout servi avec amour, grâce et bonne humeur. La soirée fût un succès et ce soir là, nous fêterons tous ensemble, malgré la fatigue de cette longue journée, en dansant sur les tables avec les chiens. Nous avons aussi passé les fêtes tous réunis. Le réveillon de Noel fût très simple et tranquille, un souper entre nous et dodo. Le jour de Noël a été plus mouvementé, nous sommes tous allés à la « secret playa » avec des bons plats à partager, à boire, des bodyboards, des jeux de cartes etc… tout pour passer une super journée et ce fût le cas. Au point que le soir, nous étions tous crevés et la soirée fût vite terminée. Pour le jour de l’an, nous avons décidé de préparer un plat spécial : un ragout d’écureuils ! Et oui car à «  El Encanto » ce sont de grands nuisibles et certains ont donc succombé à nos tireurs d’élite. A la façon boeuf bourguignon, nous avons dégusté ce bon met qui se rapproche très clairement du goût du lapin, une réussite ! S’en est ensuite suivi une belle soirée dansante et déguisée avec quelques amis du coin, un joli feu et quelques breuvages bien appropriés. La soirée se terminera gentiment à une heure raisonnable pour bien débuter 2019. Du coup, pas de gueule de bois et un premier janvier que nous passerons tous ensemble à jouer au Cambio avant les départs de tous dans les jours qui arrivent. Le soir, nous faisons un dernier repas chez Tiana le restaurant voisin. Les cocos et Max partent le lendemain et nous les suivront de près. Le chapitre « Encanto » touche à sa fin.







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